L’interpellation de Kambou Mathias Ollo, figure de la société civile, inculpée et incarcérée pour «outrage au chef de l’Etat», le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, après une publication sur les réseaux sociaux, a suscité de vives réactions de la part des organisations de la société civile. Y voyant «un coup porté à la liberté d’expression» par le pouvoir militaire.
«M. Kambou Mathias Ollo, après avoir été longuement auditionné à la brigade de lutte contre la cybercriminalité, a été déféré hier (mardi) soir à Maco», la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, a déclaré un de ses proches.
Figure du Balai citoyen, un mouvement très en pointe lors des manifestations contre le régime du président déchu Blaise Compaoré, M. Kambou, surnommé le « général Kamao » avait été interpellé lundi par la Brigade de la recherche de la gendarmerie, après une émission télévisée à laquelle il avait été invité comme représentant de la Mobilisation des intelligences pour le Faso (MiFa), dont il est également membre.
«L’enlèvement, la détention arbitraire du citoyen Kambou Ollo Mathias menacent les libertés chèrement conquises par notre peuple et interpellent tous les Burkinabè», a écrit dans un communiqué le coordonnateur du Front Patriotique, Germain Bitiou Nama, exigeant sa «libération immédiate et la fin des velléités liberticides».
Pour Serges Bayala, membre du Balai citoyen, «le véritable outrage au chef de l’Etat est fait par les terroristes qui assiègent une grande partie du territoire, sans être inquiétés», faisant allusion à de récentes attaques meurtrières. Le Burkina Faso, où les militaires putschistes ont promis de faire de la lutte anti-jihadiste leur priorité, est confronté comme plusieurs pays voisins à la violence de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.