Après l’Ouganda où le groupe pétrolier français TotalEnergies porte un méga projet d’oléoduc accusé de violations des droits humains à grande échelle, les ONG françaises Survie et les Amis de la Terre s’en prennent désormais à la Tanzanie, pays qui sera traversé par l’oléoduc mis en cause.
Dans un rapport rendu public mercredi, les deux associations font part des résultats d’une enquête menée pendant environ cinq semaines, entre les mois de janvier et février, dans huit régions tanzaniennes impactées par ce projet baptisé East African Crude Oil Pipeline (Eacop) et pour lequel Total assure respecter les droits des communautés et autres obligations.
Les conclusions de cette «enquête inédite» font ressortir «les mêmes violations des droits des populations affectées qu’en Ouganda, même exacerbées sur certains aspects», affirment les deux ONG Survie et Les Amis de la terre.
L’oléoduc EACOP, qui sera construit sur plus de 1.400 kilomètres, le plus long du monde, va relier les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, au port de Tenga en Tanzanie. Il sera chauffé à 50°C et transportera environ 216.000 barils de pétrole par jour.
«En comptant les émissions causées par le transport, le raffinage et l’utilisation de ce pétrole, cela engendrera l’émission dans l’atmosphère jusqu’à 34 millions de tonnes de CO2 par an, soit bien plus que les émissions de gaz à effet de serre combinées de l’Ouganda et de la Tanzanie», alertent Survie et les Amis de la Terre.
Selon le rapport, l’oléoduc devant parcourir 1.147 kilomètres, impactera les terres de près de 62.000 cultivateurs et menacera plus de 2.000 kilomètres carrés de réserves naturelles en Tanzanie.
«Les coûts humains, climatiques et environnementaux du mégaprojet pétrolier de Total sont tout simplement inacceptables. Nos associations considèrent qu’il doit être abandonné au plus vite, et qu’une réparation doit être apportée aux communautés affectées», conclut le rapport.
Mi-septembre, le Parlement européen a également affiché ses inquiétudes quand aux conséquences de ce projet de TotalEnergies dans les deux pays africains, invitant le groupe à étudier «la faisabilité d’un autre itinéraire permettant de mieux préserver les écosystèmes protégés et sensibles et les ressources en eau de l’Ouganda et de la Tanzanie» qui sont à présent menacées de pollution.