La junte au pouvoir en Guinée-Conakry a ordonné jeudi, d’engager des poursuites judiciaires contre l’ex-Président Alpha Condé qu’elle a renversé par un coup d’Etat en septembre 2021, et plus de 180 hauts cadres ou ex-ministres.
«Le gouvernement guinéen, dans sa politique de moralisation de la vie publique, s’est fixé comme objectif la lutte contre les infractions économiques et financières», affirme le ministre de la Justice, dans sa lettre publique adressée jeudi aux procureurs généraux.
Les poursuites judiciaires sont engagées «pour des faits présumés de corruption, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics et complicité», a expliqué le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright qui fait état d’une liste de 188 noms, dont certains sont déjà en prison et d’autres cités plusieurs fois à comparaitre.
Parmi ces mis en cause figurent l’ancien Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana et une quarantaine d’anciens ministres et un certain nombre de conseillers à la Présidence sous le régime Condé. Leurs comptes bancaires sont gelés, indique le document.
Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force il y a plus d’un an à Conakry, ont fait de la lutte contre la corruption réputée endémique en Guinée un de leurs grands combats et de nombreux anciens responsables sont déjà détenus dans ce cadre.
Ce n’est pas la première fois que des poursuites sont engagées contre l’ex-Président Alpha Condé, 84 ans, mis en cause en mai dernier pour des faits présumés notamment d’assassinats, actes de torture, enlèvements et viols, dans ce pays où la répression des manifestations politiques est souvent brutale.
Depuis septembre 2021, le chef de la junte, le colonel Doumbouya s’est fait investir président et s’est engagé récemment à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de deux ans, à partir de janvier 2023.