Si N’Djamena a accepté le principe de recevoir une mission d’enquête internationale, l’opposant Succès Masra, réclame des poursuites contre les responsables de la sanglante répression des manifestations du 20 octobre dernier.
Le leader des Transformateurs, en exil, l’opposant Succès Masra a requis auprès du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) l’ouverture d’une enquête au Tchad sur des faits présumés de crimes contre l’humanité commis lors de la répression de la manifestation du 20 octobre. Il a mandaté à cet effet, les avocats parisiens William Bourdon et Vincent Brengarth, pour transmettre sa requête à la cour de La Haye.
Selon les avocats, cette demande est la suite logique des réactions de la communauté internationale. «Les différentes réclamations et les différentes alertes qui ont été faites par les organisations internationales, mais aussi par le Haut Commissariat des Nations unies pour les Droits de l’Homme, doivent connaître aussi une traduction un peu plus contraignante et cette traduction contraignante, c’est un pouvoir que peut avoir la Cour pénale internationale», estiment-ils.
Pour l’opposant tchadien, une enquête de la CPI serait aussi un message consistant à «bien montrer et réaffirmer aux autorités tchadiennes qu’elle exerce un contrôle extrêmement étroit sur ce qui se passe et que rien ne peut tolérer les agissements qui sont à l’œuvre depuis maintenant plusieurs mois» dans ce pays.
Dans le document d’une trentaine de pages envoyé à la CPI, les conseils de l’opposant incriminent en premier lieu le président de transition, Mahamat Deby, considéré comme le «donneur d’ordres» de ces «attaques généralisées et systématiques» consécutives à son maintien au pouvoir pour deux ans et à l’opportunité qui lui a été offerte de pouvoir participer à la prochaine élection présidentielle.
Sont également visés le ministre de la Sécurité, Idriss Dokony Adiker et les généraux Moussa Haroun Tirgo, directeur général de la police, Ahmat Dary, directeur des renseignements généraux et Taher Erda Taïro, commandant de la garde présidentielle.
Les deux avocats dénoncent également les conditions de détention infligées à plus de 2.000 personnes arrêtées pendant et après les manifestations du 20 octobre, et dont la moitié a été transférées à la sinistre réputée prison de Koro Toro, selon l’Organisation mondiale contre la torture.