Le président tunisien Kais Saied a défendu mercredi à Washington, dans un face-à-face avec le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, sa décision de suspendre le Parlement en juillet 2021.
«Les citoyens tunisiens, où que j’aille, demandaient de dissoudre le Parlement donc j’ai fini par le dissoudre», a expliqué Kais Saied lors d’une réunion avec Blinken, en marge du Sommet Etats-Unis-Afrique.
«Pourquoi? Parce que le pays était au bord de la guerre civile, donc je n’avais pas d’autre choix afin de sauver la nation tunisienne d’une mauvaise passe», s’est défendu le Chef de l’Etat tunisien, assurant avoir reçu à l’époque, «beaucoup de députés à Carthage demandant de dissoudre le Parlement».
«Les gens sont sortis dans la rue cette même nuit, le 25 juillet 2021. Ils étaient tellement heureux et joyeux, comme s’ils se débarrassaient d’un vrai cauchemar», a-t-il poursuivi.
Antony Blinken avait peu auparavant exprimé le soutien de son pays à des «élections inclusives et transparentes» afin de s’assurer que des «voix diverses soient entendues en Tunisie», trois jours avant le scrutin législatif prévu le 17 décembre, mais déjà boycotté par l’opposition.
Le président Saied avait annoncé la suspension des travaux du Parlement tunisien et limogé le Premier ministre, Hichem Mechichi, le 25 juillet 2021. Il avait ensuite dissous complètement le corps législatif le 30 mars, puis soumis à référendum, une nouvelle Constitution le 25 juillet 2022 prévoyant l’élection d’un nouveau Parlement aux pouvoirs très limités. Le processus a été boycotté par l’opposition mais Kais Saied n’en a fait qu’à sa tête en l’absence de toute concertation avec les forces vives de la nation.
Depuis 2011 année du printemps arabe et de la révolution du Jasmin, la Tunisie accumule des difficultés économiques, exacerbées par la pandémie de Covid-19 puis par la guerre en Ukraine qui a creusé son endettement au-delà des 100% du PIB, en raison d’une grande dépendance du pays des importations de céréales et de carburants.