Une marche prévue par des organisations de la Société civile bissau-guinéenne contre la destruction d’un parc au cœur de la capitale a été empêchée par un important dispositif policier déployé jeudi.
Quelques dizaines de jeunes se réclamant de la société civile ont été dispersés par la police avant même que ne commence leur marche. Certains brandissaient des pancartes sur lesquelles étaient écrits «Mbatonha est notre poumon».
Les opposants au projet de parc s’insurgent contre la décision des autorités d’enterrer le lac de Mbatonha pour y construire un complexe comprenant un hôpital, des résidences pour des médecins, un lycée et une mosquée.
«Parce qu’une mosquée doit être construite au centre-ville, il y a une levée de boucliers. Nous sommes un pays laïc», a affirmé mercredi le président Umaro Sissoco Embalo, interrogé sur ce projet par la presse.
«Si la Mairie cède l’espace, nous y construirons un Centre de santé de référence, des résidences pour le personnel de santé et un lycée. S’il faut y construire une mosquée, nous le ferons. Les intérêts nationaux sont au-dessus de tout», a-t-il martelé.
Le lac, à l’abandon depuis la fin de la période coloniale, abrite de nombreuses espèces d’oiseaux et de reptiles, en plein centre-ville de Bissau. En 2014, le gouvernement avait pour projet de le réhabiliter mais le chantier est resté inachevé.
La Guinée-Bissau, petit pays lusophone d’Afrique de l’Ouest, est peuplé majoritairement de musulmans avec une forte minorité chrétienne et une multitude de religions, d’ethnies et de langues.
Depuis son indépendance en 1974, cette ancienne colonie portugaise a connu une multitude de putschs et de tentatives de coup de force, le dernier datant du 1er février 2022. La Guinée-Bissau reste depuis des mois le théâtre de tensions entre la Présidence, le Parlement et les partis.