«L’Algérie nouvelle», selon la formule en vogue à Alger, «est en train de s’effondrer sous nos yeux», affirme l’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, dans une tribune publiée dans le quotidien français « Le Figaro ».
« La réalité algérienne n’est en effet, pas celle qu’on nous décrit », a-t-il dit, soulignant que « (…) l’Algérie issue du +Hirak béni+ serait, nous dit-on, progrès, stabilité et démocratie. Or tous les observateurs objectifs constatent que depuis 2020, après peut-être quelques semaines d’espoir, le régime a montré son vrai visage : celui d’un système militaire brutal, tapi dans l’ombre d’un pouvoir civil, sans doute autant affairiste que le précédent» régime (de Bouteflika – NLDR).
Le diplomate français qui connaît bien l’Algérie pour y avoir occupé le poste d’ambassadeur à deux reprises, entre 2008 et 2012, puis entre 2017 et 2020, relève que la pandémie du Covid-19, avait permis à l’armée de commencer dès mars 2020, « le nettoyage politique; les circonstances internationales, la guerre en Ukraine lui ont permis de mettre définitivement le pays au pas » et d’enterrer définitivement le Hirak qui revendiquait le changement du régime en place à Alger depuis l’indépendance du pays en 1962.
Pour Xavier Driencourt, l’Algérie sous la junte militaire qui détient le vrai pouvoir, ressemble désormais «à une vaste prison où sont enfermés non seulement les politiques, fonctionnaires et militaires liés à l’ancien régime –et auxquels l’Armée nationale populaire doit son statut actuel–, mais aussi les journalistes qui ont eu le tort d’écrire des articles hostiles ou réservés sur le régime.. ».
Pour Driencourt « les choix désastreux de 1962, la crise économique, la corruption née de la rente pétrolière, le découragement non seulement des élites des grandes villes du Nord, mais aussi du peuple des campagnes et de l’Algérie profonde» ne font qu’accélérer l’immigration en direction de l’Hexagone.
Il pointe à ce titre, l’aveuglement de Paris qui, dit-il, ferme «les yeux sur la réalité algérienne», et fait mine de croire «que le pouvoir algérien est légitime à défaut d’être démocratique, que le discours antifrançais est un mal nécessaire, mais transitoire, que la démocratie est un apprentissage qui prend du temps».
Les conséquences pour la France sont inévitables, car «l’Algérie va mal, beaucoup plus mal que les observateurs ou les rares journalistes autorisés le pensent. 45 millions d’Algériens n’ont qu’une obsession : partir et fuir», prévient enfin l’ancien ambassadeur.