Les autorités somaliennes ont demandé lundi dernier, au gouvernement kényan, la levée du gel des comptes des entreprises somaliennes de transfert d’argent.
Les autorités kényanes avaient procédé le 8 avril dernier au gel des comptes de 85 personnes et des compagnies de transfert d’argent, soupçonnées de financer le groupe islamiste les Shebab, en leur accordant un délai de 24 heures pour présenter leur défense.
Chaque année, la diaspora somalienne envoie plus d’un milliard d’euros aux familles restées en Somalie, dont l’économie a été durement affaiblie par plus de 20 ans de guerre civile.
Pour régler ce dossier, le Premier ministre somalien, Omar Ali Sharmarke, s’est rendu à Nairobi, où il a été reçu par le vice-président kényan, William Ruto.
Le chef du gouvernement somalien s’est dit en faveur des mesures entreprises par Nairobi envers toutes les personnes ou sociétés se livrant au financement des activités terroristes. En revanche il demande aux autorités kényanes d’autoriser les personnes travaillant dans « des entreprises authentiques » à poursuivre leurs activités de transfert d’argent, plus communément appelées » hawalas ».
Parmi les parties pointées du doigt par les autorités kényanes, se trouvent des compagnies de transfert d’argent vers la Somalie qui disposent pourtant d’une licence de la Banque centrale du Kenya. La liste des personnes ou société indésirables, a été publiée au lendemain de l’attaque terroriste contre l’université de Garissa et qui avait fait 148 morts.
Or, faute de système bancaire en bonne et due forme en Somalie, les mouvements de fonds ne se font que via les compagnies de transfert d’argent. Geler leurs comptes revient à bloquer de facto leurs activités et donc à porter un coup dur à l’économie somalienne et des familles qui dépendent largement des devises venant de l’étranger.
Pour le premier ministre somalien, le gouvernement kényan devait autoriser la poursuite des activités des compagnies de transfert d’argent qui ne travaillent pas dans l’informel. Mais les autorités kenyanes semblent faire, du moins pour l’instant, une sourde oreille aux différentes interpellations somaliennes.
Selon le vice-président kényan, la banque centrale kényane serait actuellement en train d’explorer les possibilités pour ramener les services de transfert d’argent dans le système réglementaire financier. Comme quoi, la Somalie devrait encore prendre son mal en patience.