Devant l’inquiétante vague raciste ciblant des migrants africains noirs en Tunisie, suite à des propos discriminatoires du président Kais Saied, Human Rights Watch (HRW) invite les autorités de Tunis de leur fournir une protection et de mener des poursuites contre les agresseurs.
Ces étrangers font face à des agressions violentes, de vols, d’actes de vandalisme commis par des citoyens tunisiens, d’expulsions arbitraires par des propriétaires et de licenciements abusifs par des employeurs depuis le discours de Saied. L’ONG estime que les mesures annoncées le 5 mars dernier pour mettre fin à cette situation sont insuffisantes.
«Après avoir attisé lui-même la violence contre les immigrés, le président Saied n’a proposé que maigres mesures pour tenter d’y mettre fin», a déclaré Salsabil Chellali, directrice du bureau de HRW à Tunis.
D’après elle, «les autorités tunisiennes devraient immédiatement cesser d’arrêter des étrangers noirs africains, étudier les dossiers au cas par cas pour garantir une procédure régulière à toutes les personnes arrêtées, libérer les personnes détenues arbitrairement, enquêter rapidement et demander des comptes aux responsables d’attaques et d’abus racistes».
HRW laisse entendre que des dizaines de migrants étrangers noirs africains, de demandeurs d’asile et de réfugiés campent toujours devant les sièges des organisations internationales, affirmant qu’ils s’y sentent en sécurité que n’importe où ailleurs en Tunisie.
Depuis début février, la police tunisienne a procédé à des arrestations, ciblant apparemment des étrangers noirs africains en fonction de leur apparence ou des quartiers dans lesquels ils vivent. La section tunisienne d’Avocats sans frontières (ASF) avance un chiffre d’au moins 850 personnes qui auraient été arrêtées «sans discernement».
L’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (AESAT) a confié à HRW qu’au moins 44 étudiants avaient été arrêtés depuis le 21 février, et certains sont toujours détenus. Selon le ministère tunisien de l’Enseignement supérieur, environ 7 200 étrangers originaires de pays africains étudient dans des établissements tunisiens.
L’ONG HRW rappelle que la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, à laquelle la Tunisie est un Etat partie, oblige les pays à «condamner la discrimination raciale» et à prendre des mesures visant à «éliminer la discrimination raciale sous toutes ses formes et à promouvoir la compréhension entre toutes les races».