Le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) a invité, mardi 4 avril à Genève, les autorités tunisiennes à s’abstenir de tout discours qui contribue à «la haine à caractère raciste et à la discrimination raciale à l’encontre des migrants provenant de pays africains du Sud du Sahara», selon le site d’information de l’ONU.
Ces experts indépendants onusiens, agissant dans le cadre d’une procédure d’alerte précoce et d’action urgente, se disent «profondément préoccupés» par le traitement réservé à ces migrants depuis les propos tenus le 21 février dernier par le chef de l’Etat tunisien, Kais Saïed. Il est fait état d’agressions physiques, d’arrestations arbitraires, d’expulsions de domicile, d’arrêt forcé de travail.
Même des étudiants ont été arrêtés par les forces de l’ordre dans le cadre de la campagne intitulée «Renforcement du tissu sécuritaire et réduction du phénomène de séjour irrégulier en Tunisie» ; «sans toutes les garanties procédurales», déplore le comité.
Le Comité rappelle qu’n février dernier, le président tunisien Kais Saïed avait déclaré que «des mesures urgentes» étaient nécessaires contre les «hordes de migrants clandestins» dont la venue en Tunisie, relevait d’une «entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie».
Il a demandé à la Tunisie de cesser immédiatement les arrestations et les détentions collectives de ces migrants, de libérer ceux qui sont détenus arbitrairement, de permettre à ceux qui choisissent de demander l’asile de le faire, et d’enquêter sur les cas de migrants ayant été renvoyés arbitrairement de leur emploi ou de leur logement, tout en prenant des mesures aux fins de leur réhabilitation.
Face à la violence, des centaines de migrants originaires de pays tels que la Côte d’Ivoire, le Mali, la Guinée et le Sénégal ont décidé de retourner dans leur pays d’origine.