L’ambassadeur américain à Pretoria a accusé ce 11 mai l’Afrique du Sud d’avoir fourni un soutien militaire à la Russie, en dépit de sa neutralité déclarée dans le conflit avec l’Ukraine, lors d’une rencontre avec des médias locaux.

Selon Reuben Brigety, les Etats-Unis sont convaincus que «des armes et des munitions ont été chargées» à bord d’un cargo russe, amarré près du Cap début décembre 2022, «avant qu’il ne reparte vers la Russie».

«Armer les Russes est extrêmement grave et nous ne pensons pas que cette question soit résolue. Nous aimerions que l’Afrique du Sud commence à pratiquer sa politique de non-alignement», a-t-il ajouté lors de cette rencontre.

Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), avait sommé le gouvernement d’expliquer comment un cargo russe visé par les sanctions occidentales était ainsi autorisé à s’amarrer.

Dans une réaction officielle publiée dans la soirée de ce 11 mai, la Présidence sud-africaine a fustigé la sortie du diplomate américain qui va à l’encontre des règles de courtoisie diplomatique prévalant entre les deux Etats d’une part. Et d’autre part qui devance les éclaircissements judiciaires en cours autour du cargo russe précité. Une posture que Pretoria qualifie en gros de «contre-productive».

L’Afrique du Sud n’a pas pris parti dans le conflit russo-ukrainien enclenché en février 2022, une guerre qui a déclenché de vastes sanctions occidentales.

Comme la Cour pénale internationale (CPI) qui a émis en mars 2023 un mandat d’arrêt contre le Président russe Vladimir Poutine pour le crime de guerre de «déportation» d’enfants ukrainiens. Or Pretoria doit accueillir en août 2023 un sommet des BRICS (puissances économiques d’Etat du Sud). Membre de la CPI, le pays est théoriquement censé arrêter le Président russe s’il entrait sur son territoire. Le pays a par ailleurs accueilli en février 2023 des exercices navals avec la Russie et la Chine au large de ses côtes, suscitant l’«inquiétude» des Occidentaux.

Les liens entre l’Afrique du Sud et la Russie remontent à l’époque de l’apartheid, le Kremlin ayant apporté son soutien à l’ANC dans la lutte contre le régime raciste de l’époque.