Le Président gambien, Yahya Jammeh a limogé le juge Ali Nawaz Chowhan d’origine pakistanaise, qui dirigeait le système judiciaire du pays depuis 14 mois.
Les raisons à l’origine de ce limogeage n’ont pas été données.
Un autre juge, Emmanuel Fagbenle, cette fois-ci de nationalité nigériane, a été désigné pour assurer l’intérim, pour une durée non déterminée.
Ce choix de la présidence porté sur Fagbenle, jusqu’alors président de la Cour d’appel en Gambie, n’est vraisemblablement pas apprécié dans le milieu des avocats, dans la mesure où, pour certains d’entre eux, il serait en déphasage avec la Constitution de la Gambie.
La Constitution prévoit en effet que le Juge en chef (Chief Justice) soit le plus ancien des juges de la Cour suprême, ce qui n’est pas le cas pour Fagbenle.
Selon des observateurs, Yahya Jammeh qui règne en dictateur sur son pays, n’hésite pas, pour asseoir un système judiciaire à son goût, à faire appel à des magistrats étrangers, originaires notamment de pays anglophones, pour leur confier de hauts postes à la tête du corps judiciaire. En plus, c’est avec la même aisance qu’il les démet de leurs fonctions lorsqu’ils ne répondent plus à ses caprices.
En deux ans à peine, le poste de Chief Justice a déjà été occupé par des personnalités de trois nationalités différentes (pakistanaise, nigériane et ghanéenne).
Ali Nawaz Chowhan qui vient d’être remercié avait pris ses fonctions de Chief Justice le 6 mars 2014. Il avait travaillé, auparavant, pendant trois ans, au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (siégeant à La Haye), avant de débarquer en Gambie.
Hormis la Défense, le président gambien à main basse, de près ou de loin, sur plusieurs autres départements stratégiques du pays.
Yahya Jammeh qui a accédé au pouvoir en 1994, suite à un coup d’Etat, a été toujours plébiscité aux scrutins présidentiels, bien que, paradoxalement, la population gambienne souhaite vivement en coulisse son départ.