La loi dite «patriotique» adoptée par le parlement du zimbabwéen et qui criminalise toute «atteinte à la souveraineté et à l’intérêt national», a été dénoncée ce jeudi 1er juin, par l’opposition et des ONG qui craignent des dérives liberticides, moins de trois mois avant les élections générales.
Le texte a été adopté dans la nuit de mercredi à jeudi à une majorité écrasante de 99 députés issus du Zanu-PF, le parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1980, et ce, en dépit des vives protestations de députés de l’opposition qui dénoncent une loi menaçant notamment les libertés d’expression, de réunion, d’association et les droits civiques.
Le projet de loi doit encore passer devant le Sénat avant d’être promulgué par le Président Emmerson Mnangagwa. «Le Sénat a l’habitude d’approuver des projets de loi en une heure», a dénoncé Musa Kika, directeur du Forum des ONG de défense des droits de l’Homme au Zimbabwe. «Un jour très triste», a réagi le journaliste militant Hopewell Chin’ono.
En février 2023, le Gouvernement de Harare avait déjà adopté une loi controversée muselant les ONG, les plaçant sous un contrôle strict et les menaçant de peines sévères allant jusqu’à la prison.
Le Zimbabwe, plongé dans une profonde crise économique depuis une vingtaine d’années, est classé 157ème sur 180 par Transparency International pour son niveau de corruption.
Le président Emmerson Mnangagwa, 80 ans, est de plus en plus accusé de réprimer les libertés et museler toute voix dissidente. Il est candidat à sa propre succession à la présidentielle d’août 2023. Il sera opposé au chef de l’opposition, Nelson Chamisa, chef de la Coalition de citoyens pour le changement (CCC).