La lutte contre la corruption est en mauvaise posture au Kenya. La commission chargée de la lutte contre ce fléau n’a plus de commissaires ni de président depuis une semaine. Fin mars, un rapport confidentiel émanant de l’institution mettait en cause de nombreux responsables du gouvernement, dont des ministres et des gouverneurs.
Depuis des mois, des luttes intestines minaient le fonctionnement de la commission, touchée dernièrement par un scandale au sujet de la vente controversée de son siège à Nairobi via des sociétés-écrans, dans lesquelles de hauts responsables politiques seraient impliqués. Les deux précédentes commissaires avaient déjà l’une après l’autre démissionné, évoquant des pressions politiques et même des menaces sur leur vie.
Fin mars, un rapport confidentiel avait été remis au président Uhuru Kenyatta, impliquant 175 responsables kenyans dont 5 ministres, 12 gouverneurs, de hauts fonctionnaires et des hommes d’affaires. Pour certains observateurs, le départ de tous les commissaires met en péril les enquêtes et risque d’empêcher les sanctions.
Depuis son élection, le président kényan ne cesse de promettre d’éliminer la corruption. Mais, pour l’activiste John Githongo, son gouvernement est le plus corrompu depuis Daniel Arap Moi, de juteux contrats dans le domaine des infrastructures ou des gisements miniers étant signés dans la plus grande opacité.
Le Kenya est classé 145e sur 175 pays sur l’indice de corruption de Transparency International. En 2012, la Banque mondiale estimait que sans cette corruption à tous les étages, pas moins de 250 000 emplois pourraient être créés dans le secteur privé.