On dénombre déjà 31 morts et 3.400 personnes touchées par le choléra. Le bilan pourrait s’alourdir car le risque de contamination est très élevé à cause des mauvaises conditions d’hygiène «La situation à l’heure actuelle est très sérieuse. Il y a une combinaison de facteurs qui y contribue: la surpopulation dans le camp et les conditions sanitaires qui sont déplorables», alerte Sandra Bisin, la responsable locale de l’Unicef. De plus, le risque épidémique est très grand. Selon les Nations unies, 400 nouveaux cas de choléra sont décélés tous les jours.
Et sur le terrain, les organisations humanitaires travaillent d’arrache-pied pour contenir la maladie «A Kagunga par exemple, nous avons installé une mini-usine d’urgence de traitement des eaux qui va permettre de donner de l’eau potable aux populations du camp, et qui permet de recycler et de traiter les eaux du lac Tanganyika à raison de 5.000 litres par heure. D’autre part, on a déjà déployé du matériel de protection, des gants et des chaussures de protection pour le personnel soignant, des lits à choléra, des salles de réhydratation orale, le zinc, les antibiotiques et évidemment des comprimés de purification de l’eau et du chlore».
A en croire Sandra Bisin, parmi les 50.000 réfugiés burundais à Tanzanie, les enfants sont les plus touchés. Ils sont menacés de choléra et de diarrhée. « Il a été établi, et ça ce sont des chiffres du gouvernement, que 83 % de la population des réfugiés burundais sont des enfants», fait-elle remarquer. Et d’ajouter : «Parmi eux, on a recensé à ce jour un peu plus de 1 300 enfants non accompagnés ou séparés».
Pour la responsable de l’Unicef, les enfants ne sont pas au bout de leur peine. «Aujourd’hui, ils sont toujours dans les camps, au risque de violences et d’abus en tout genre, puisqu’ils sont isolés. J’ai rencontré un petit garçon de 13 ans, qui la semaine dernière au Burundi est rentré de l’école pour trouver son père mort assassiné par les milices. Donc, la seule chose qu’il a pu faire en effet, ça a été de prendre la fuite et de suivre l’exode», déplore-t-elle.
Le Rwanda voisin fait aussi face à ces réfugiés burundais. Mais leurs nombres diminuent à cause du renforcement des contrôles à la frontière selon les témoignages recueillis par le Haut commissariat des nations unies (HCR) au Rwanda. «Depuis que la tension au Burundi a pris une autre forme, les frontières sont très, très bien gardées et les gens ont peu de possibilités de partir du pays», à en croire Saber Azam le Représentant du HCR. Selon lui, les réfugiés burundais au Rwanda «sont des individus qui viennent essentiellement des zones rurales. Leur nombre s’approche de 28.000 personnes à ce jour».
Depuis les récentes et violentes manifestations au Burundi avec le coup d’Etat raté, plus de 3.000 ont quitté le pays. Les manifestations dans les rues de Bujumbura continuent malgré le retour du président Pierre Nkurunziza.