Après des années de blocage judiciaire, l’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara va connaître un tournant décisif. Près de vingt-huit ans après la mort du président, l’exhumation de son corps et de ceux de ses douze compagnons assassinés a commencé, lundi 25 mai, dans un cimetière de Ouagadougou, dans le cadre d’une instruction ouverte à la fin de mars.
Selon des proches des victimes, des jeunes gens munis de « pioches et pelles » ont commencé à « ouvrir deux tombes » dans le cimetière. L’opération, qui a débuté à 8 heures, est conduite par trois médecins – un Français, le professeur Alain Miras, et deux Burkinabés – en présence du commissaire du gouvernement et d’un juge d’instruction. Mais certains Burkinabés ont également fait le déplacement. Aux cris de « On veut la vérité ! », des dizaines de curieux sont venus aux abords du cimetière mais se sont vu refuser l’accès par la gendarmerie.
Parmi eux, Mariam Gouem, la fille d’un des gardes du corps de Sankara assassiné en même temps que lui, déplore que cela prenne « beaucoup de temps ». En effet, si l’ouverture des sépultures et les prélèvements ADN sur les corps ne devraient prendre que quelques jours, l’analyse des résultats devrait, elle, être moins rapide. Selon une source proche du dossier, « les prélèvements seront sûrement analysés dans des laboratoires étrangers ».
Le soir du 15 octobre 1987, Thomas Sankara avait été enterré à la sauvette, après son assassinat lors du coup d’Etat qui porta Blaise Compaoré au pouvoir pour vingt-sept ans. Il aurait été inhumé au cimetière de Dagnoën (quartier est de Ouagadougou), mais sa famille et ses nombreux partisans doutent que son corps s’y trouve réellement. Notamment sa veuve, Mariam Sankara. Entendue pendant près de huit heures par la justice le 14 mai, elle réclame depuis des années « la vérité » sur l’assassinat de son mari.