Les avocats ivoiriens et béninois sont descendus dans la rue à Yamoussoukro, capitale de Côte d’Ivoire, pour protester contre le projet de la ministre française de la justice, Christiane Taubira, d’instaurer un barreau dans l’espace de l’Organisation en Afrique pour l’harmonisation du droit (OHADA).
Il s’agit d’une proposition du Bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris que Taubira a exposée à l’ouverture de la 39ème session du conseil des ministres de l’OHADA, le 10 juin dernier à Yamoussoukro.
Les avocats ivoiriens et béninois, voire aussi sénégalais, voient en cette proposition, inattendue, une forme de néo-colonisation qu’ils ne sont pas prêts à laisser passer.
«Non à un barreau OHADA», «Non aux manigances du Bâtonnier de Paris et au lobbying de Taubira», «l’Afrique Occidentale Française, c’est terminée», tels sont certains slogans scandés par les avocats ivoiriens.
Pour le secrétaire général de l’ordre des avocats de Côte d’Ivoire, ce projet est inopportun, parce que le barreau de l’espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) de l’OHADA fonctionne normalement.
A en croire des avocats béninois, le président de la Cour commune de justice et de l’OHADA aurait des difficultés de liaison avec les avocats des barreaux de l’espace OHADA. Il aurait donc demandé l’aide des avocats français de mettre en place une structure qui pourrait faciliter la liaison entre les hommes de la profession d’Afrique.
Un autre fait ayant provoqué l’indignation des Béninois, c’est la demande de se prononcer sur le projet, juste un jour après sa présentation, c’est-à-dire le jeudi 11 juin.
«C’est de l’impérialisme qu’il faudra tout de suite arrêter», a conclu le bâtonnier béninois qui a déjà touché les barreaux de l’espace UEMOA et promet de faire de même pour les 17 barreaux membres de l’OHADA.
La ministre française, voulant lever tout malentendu a expliqué que «cette proposition vise à améliorer la transparence dans un espace OHADA où le droit s’uniformise». C’est une proposition pour réfléchir et travailler ensemble et que le dernier mot revient aux Africains, a-t-elle précisé.