Au Nigeria, le nouveau président Muhammadu Buhari vient d’annoncer la formation d’un nouveau gouvernement pour septembre prochain.
Dans les milieux d’affaires, les inquiétudes sont clairement affichées sur les retombées financières de cette situation d’absence prolongée d’un gouvernement.
«Chaque semaine qui passe sans successeur de la formidable Ngozi Okonjo-Iweala au poste de ministre des Finances augmente les chances d’une crise», souligne-t-on au sein du cabinet Capital Economics, une société internationale spécialisée dans les études macro-économiques indépendantes.
Les spécialistes se basent sur la situation financière alarmante du pays, dépeinte par ailleurs, en partie, par le président lors de la cérémonie de prise de fonctions en mai. Buhari avait, à cette occasion, déclaré que les caisses de l’Etat étaient «vides», accusant l’équipe de prédécesseur, de corruption et de détournements des fonds de l’Etat.
Les experts financiers font aussi état de la baisse du budget de l’Etat occasionnée par la chute des cours du pétrole qui génère les deux tiers des ressources fiscales. Sans oublier la dévaluation, à deux reprises ces derniers mois, de la monnaie locale et le recul du taux de croissance.
Pour le camp présidentiel, le retard dans la formation du nouveau gouvernement est dû, d’une part, au fait que le pouvoir sortant a trainé les pieds pour transmettre les dossiers au nouveau régime. Aussi, dans le souci de mettre en place une bonne équipe gouvernementale, Buhari prend le temps qu’il faut pour mener à bien les consultations.
Certains experts parlent plutôt de certaines difficultés dans la constitution du nouveau gouvernement au Nigeria, en raison de la répartition « équilibrée » des portefeuilles ministériels entre des personnalités issues des 36 Etats fédérés. Ils évoquent aussi les tractations qui peuvent y avoir avec certains dirigeants du parti présidentiel qui réclameraient d’être «récompensés» par des nominations dans la prochaine équipe gouvernementale.
Notons que, dans l’attente de la mise sur pied du gouvernement, Buhari n’hésite pas à prendre des mesures importantes tel le récent limogeage du conseil d’administration de la compagnie pétrolière nationale, en vue de faciliter les enquêtes sur les détournements de fonds dans cette entreprise.