Le président de la Gambie, Yahya Jammeh a accordé sa grâce à 85 prisonniers qui ont été libérés mardi, et ce, dans le cadre de l’exercice des prérogatives qui lui sont conférées en tant que chef de l’Etat, selon un communiqué de la présidence gambienne.
Il s’agit pour Jammeh d’un «geste de clémence fait dans un esprit de pardon de tout musulman en ce mois de Ramadan», et d’une occasion donnée à ceux qui se sont écartés de la loi de regagner leurs foyers.
Parmi les personnes ayant bénéficié de la grâce présidentielle, on cite un ancien directeur de l’Agence nationale de répression de la drogue, reconnu coupable de corruption, un ex-directeur adjoint de la police nationale et un marabout Hamadi Sowe, accusés d’être impliqués, de près ou de loin, dans des tentatives de coup d’Etat.
Le président Jammeh qui est très mal apprécié à l’intérieur comme à l’extérieur de son pays, en matière de violation des droits de l’homme, chercherait vraisemblablement à travers ce geste, à redorer son blason et à améliorer son image de marque.
Depuis qu’il a accédé au pouvoir par un coup d’Etat en 1994, le président Jammeh, élu et réélu régulièrement, règne toujours en maître absolu sur la Gambie, un petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest. Jammeh annonce souvent des complots contre son régime et ne lésine pas sur les moyens pour traquer tous ceux qui sont soupçonnés de «mauvaise conduite».
Les dénonciations des violations des droits de l’Homme en Gambie, par des ONG, restent sans suite. Pire, le gouvernement, a annoncé, en juin dernier, vouloir organiser un référendum sur une réforme de la Constitution afin d’autoriser des exécutions à chaque fois que «la peine est prescrite par la loi». Par la même occasion, les autorités de Banjul, veulent allonger la liste des délits passibles de la peine de mort pour y inclure tout crime considéré comme suffisamment grave par le Parlement.
L’opposition s’y oppose bien évidemment. L’Organisation démocratique du peuple pour l’indépendance et le socialisme, a promis de faire obstacle à ce projet de référendum. Mon parti fera «tout ce qui est en son pouvoir» pour que le «non» l’emporte au référendum, a déclaré Halifa Sallah, un des leaders de cette formation politique.