Le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies (CRC) a pointé du doigt, dans ses observations finales publiées jeudi à Genève, la mendicité forcée et les mauvais traitements dont sont victimes des élèves d’écoles coraniques au Sénégal.
Les experts indépendants de l’ONU se disent préoccupés par les «niveaux de la violence physique» à l’encontre des enfants dans divers contextes, y compris dans les écoles, en particulier dans les daaras (école coranique traditionnelle).
Ils évoquent la présence de garçons couverts de poussière et de crasse, souvent pieds nus, dans les rues de Dakar et dans de nombreuses autres villes du pays, en train de mendier, une boîte de conserve de tomates vide ou un bol en plastique à la main. Ce «spectacle» serait «courant», d’après eux.
Le Comité demande instamment à l’État sénégalais d’interdire explicitement dans la loi les châtiments corporels dans tous les contextes, y compris à la maison, dans les daaras, dans les structures d’accueil de la petite enfance, dans les garderies et dans les structures de protection de remplacement. Il s’agit ainsi d’abroger toutes les dispositions autorisant le recours aux châtiments corporels par les adultes, y compris l’article 285 du code de la famille du Sénégal.
Citant à titre d’exemple le cas des milliers de talibés qui continuent de vivre dans des conditions sordides, privés d’une alimentation suffisante et de soins médicaux, soumis à des coups, à des sévices sexuels et emprisonnés, le Comité demande instamment au Sénégal de veiller à ce que tous les cas de maltraitance d’enfants, y compris les sévices sexuels, soient rapidement signalés et fassent l’objet d’une enquête.
Les experts onusiens, qui saluent, dans la foulée, les initiatives déjà prises par les autorités de Dakar visant à venir en aide aux enfants en situation de rue, plaident pour la formulation d’une stratégie globale de prévention et de lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des enfants, en s’attaquant notamment à la violence sexuelle, aux abus et à l’exploitation des enfants réfugiés et talibés.
Pour les experts de l’ONU, cela passe aussi par la mise en place de mécanismes accessibles, confidentiels et adaptés aux enfants pour faciliter le signalement obligatoire des violences à l’encontre des enfants, y compris les abus sexuels.