Les autorités du Niger qui semblent très mécontents du refoulement massif et violent de milliers de migrants nigériens et subsahariens du territoire algérien l’ont signifié à l’ambassadeur algérien à Niamey qui a été convoqué mercredi dernier au Département nigérien des Affaires étrangères.
Les autorités du Niamey déclarent avoir convoqué le diplomate algérien pour «protester» contre «le caractère violent» des opérations de refoulement des migrants nigériens du territoire algérien.
«Des vastes opérations de rafles policières sont régulièrement menées dans certains quartiers de la ville de Tamanrasset (Sud algérien) où vivent des ressortissants des pays subsahariens dont de nombreux Nigériens», indique le gouvernement nigérien, précisant qu’au cours de ces opérations, «de nombreux domiciles» des migrants «notamment nigériens» ont «été saccagés par des éléments de la police algérienne qui saisissent tous les objets de valeur qu’ils trouvent sur les lieux».
Dans un geste de réciprocité, le ministère algérien des Affaires étrangères a annoncé dans communiqué rendu public samedi soir, avoir convoqué à son tour «jeudi» 4 avril, l’ambassadeur du Niger à Alger, précisant que cette rencontre «a porté essentiellement sur la coopération entre les deux pays en matière de rapatriement des ressortissants nigériens séjournant de manière irrégulière sur le territoire algérien». Le même département affirme que «cette coopération a fait l’objet de la part des autorités nigériennes de certains jugements que la partie algérienne estime sans fondements».
«Il a été rappelé à l’ambassadeur de la République du Niger l’existence d’un cadre bilatéral dédié à cette problématique. De même, il lui a été indiqué que ce cadre doit demeurer le lieu privilégié de discussion et de traitement de toutes les données et de tous les développements liés à cette problématique», a tenu à souligner le département d’Ahmed Attaf. Sauf que dans leur communiqué, les autorités du Niger n’ont fait état d’un quelconque « accord de coopération entre les deux pays en matière de rapatriement de migrants illégaux», rappelant seulement que «l’Algérie et le Niger partagent une longue frontière commune et entretiennent des relations de coopération dans plusieurs domaines tels que l’éducation et le commerce».
Pour rappel, en février 2018, l’Organisation Internationale de la Migration et Amnesty International avaient condamné les opérations de refoulement manu-militari par les autorités algériennes, de milliers de migrants subsahariens clandestins vers le Niger.
Les relations entre Alger et Niamey sont déjà en berne depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023 et de l’alliance du Niger avec ses voisins malien et burkinabè et pour cause, la proposition par la médiation algérienne d’une transition de six mois au Niger, a été rejetée en bloc par le pouvoir en place à Niamey en octobre 2023.
Le Niger a ainsi emboîté le pas au Mali qui lui aussi, avait convoqué l’ambassadeur algérien, le 20 décembre, pour protester dans un communiqué, contre «les rencontres récurrentes, aux niveaux les plus élevés en Algérie avec des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien».
Le régime du duo Abdelmadjid Tebboune/Said Chengriha s’est retrouvé ainsi éjecté à l’instar de la France, des pays ouest-africains longtemps considérés comme leur chasse gardée au Sahel. Les nouvelles autorités au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso, ne tolèrent plus le parrainage ni de la France ni de l’Algérie et contestent ouvertement leur ingérence dans leurs affaires internes.