La Commission électorale indépendante (CENI) du Togo refuse l’accréditation de 500 observateurs de l’église catholique pour suivre les élections législatives et régionales du 29 avril 2024, suscitant la colère des principaux responsables de la Conférence des Evêques du Togo (CET).
«Conformément aux critères d’accréditation des observateurs nationaux édictés par la CENI et au regard du dossier soumis par votre organisation, nous sommes au regret de ne pouvoir y donner une suite favorable, pour absence de preuve de source de financement dans votre dossier transmis à la CENI, alors que vous envisagez de déployer jusqu’à 500 observateurs», a souligné le président de la CENI, Dago Yabre, dans un courrier adressé au responsable du Conseil Episcopal Justice et Paix (CEJP) de l’Eglise catholique.
«Nous avons effectivement fait la demande de participation de 500 observateurs, ce qui serait un signe de témoignage et de transparence, mais notre demande a été refusée. Parce que nous n’aurions pas justifié la source du financement de notre mission d’observation», a dénoncé Mgr Benoît Alowanou, évêque de Kpalimé et actuel président de la Conférence des évêques du Togo.
Très remonté contre le refus de la CENI, l’évêque de Kpalimé rappelle que «ce n’est pas la première fois que nous sommes récusés sur ce motif », précisant que «nous avons toujours répondu à ce sujet que nos observateurs étaient des bénévoles venus des 7 diocèses du Togo et que nous n’avons pas besoin de financements, parce que ce sont des paroissiens, notamment des filles et fils du pays. Nous n’avons pas pu justifier l’injustifiable. De toute façon, on ne désespère pas».
C’est la deuxième fois consécutive que le CEJP se voit refuser une accréditation officielle pour l’observation d’un scrutin au Togo, après la présidentielle du 22 février 2020.
Au sein de l’Eglise catholique, outre la CET, d’autres critiques fusent pour dénoncer l’antinomie entre le fait que l’Etat accepte la construction et l’entretien d’infrastructures comme écoles et centres de santé par les catholiques sans demander les sources de financement de ces structures, et refuse au même moment l’observation électorale d’un double scrutin qu’on présente comme «ouvert, crédible, libre, démocratique et inclusif».
Depuis le début du processus de démocratisation du Togo en octobre 1990, c’est la première fois que ce pays ouest-africain organise des élections couplées.