Suite à l’assassinat de l’ancien chef d’état-major, le colonel Jean Bikomagu, les tensions entre ethnies voisines au Burundi ont refait surface, faisant craindre une résurgence des conflits interethniques qui ont ravagé le pays dans les années 1990.
L’assassinat de Jean Bikomagu en pleine rue dans le quartier de Kabondo samedi, dans le sud de la capitale burundaise, survient deux semaines exactement après celui du général Adolphe Nshimirimana, proche de l’actuel président Pierre Nkurunziza.
Jean Bikomagu, qui était une des figures de proue de l’armée burundaise, luttait durant la guerre civile contre la rébellion Hutu, dont le parti politique le CNDD-FDD est aujourd’hui au pouvoir, avec à sa tête le président Pierre Nkurunziza. L’assassinant de ce militaire a par conséquent rehaussé, à un niveau jamais atteint, les tensions entre les communautés Hutus et Tutsis du pays.
Pour beaucoup, cet assassinat porte les traces d’une vengeance, celle de l’exécution sommaire en début de mois du général Nshimirimana. Les observateurs internationaux estiment en effet que le meurtre de cet ancien chef d’état-major n’a rien d’anodin. Bien au contraire, il s’inscrit dans une série d’incidents tout aussi dramatiques les uns que les autres.
Suite à l’élection fortement contestée du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat, les opposants politiques en manque de moyens pour se faire entendre, ont choisi de s’attaquer directement à Adolphe Nshimirimana, une des figures emblématiques du CNDD-FDD pour faire passer leur message.
De nombreux observateurs soupçonnent des proches du parti présidentiel, composé majoritairement d’Hutus, d’avoir riposté en tuant samedi l’ancien militaire Tutsi, Jean Bikomagu.
Cette situation délicate risque de provoquer des troubles ethniques, s’inquiètent les observateurs. Pour eux, chaque nouvel incident de ce genre risque de creuser encore plus le fossé qui sépare les ethnies Hutus et Tutsis au Burundi.