Le Président kényan William S. Ruto a accusé ouvertement ce lundi 15 juillet 2024 la Fondation Ford (basée aux Etats-Unis) d’attiser «l’anarchie» dans son pays et de financer les manifestations anti-gouvernementales qui secouent son pays depuis juin 2024.
«Ceux qui sponsorisent le chaos dans la République du Kenya, honte à eux car ils sponsorisent la violence contre notre Nation démocratique», a critiqué W. Ruto lors d’un discours dans la ville de Nakuru (centre-ouest), devant des dizaines de partisans.
«Je veux demander aux gens de la Fondation Ford, cet argent qu’ils donnent pour soutenir la violence, comment vont-ils en bénéficier?», s’est interrogé le dirigeant est-africain. Avant d’asséner des propos comminatoires: «Nous allons leur demander s’ils ne sont pas intéressés par la démocratie au Kenya, s’ils vont financer la violence au Kenya, s’ils vont financer l’anarchie, nous allons les interpeller et nous allons leur dire que soit, ils rentrent dans le rang, soit ils s’en vont».
Le bureau de la Fondation Ford pour l’Afrique de l’Est est basé à Nairobi (capitale). L’antenne de cette Fondation est muette autour de cette virulente critique de W. Ruto, tout comme l’ambassade des Etats-Unis en terre kényane. Portée sur les fonts baptismaux en 1936 par Edsel Ford (le fils de Henry Ford, fondateur de la Ford Motor Company), la Fondation Ford finance dans le monde entier les vertus de justice sociale et valeurs démocratiques. Elle a attribué des subventions à divers groupes kényans de défense des droits humains ces dernières décennies.
Des dizaines de Kenyans manifestent depuis un mois dans plusieurs villes du pays contre un projet d’augmentation des taxes projeté par l’exécutif kenyan, puis annulé. Le Président Ruto a dissout son Gouvernement en fin de semaine dernière pour désamorcer la bombe sociale, le chef de la Police du pays a démissionné dans la foulée. Mais les velléités d’organisation de nouvelles manifestations pour décrier les insuffisances du pouvoir Ruto demeurent.
Locomotive de l’économie est-africaine, le Kenya a connu sa journée la plus meurtrière durant les récentes manifestations anti-Gouvernement le 25 juin 2024, lorsqu’une foule en colère a envahi le Parlement. La Police a tiré à balles réelles sur les manifestants, faisant «au moins 39 morts», selon des chiffres officiels fournis par l’organisme national de défense des droits humains.