Alger réclame à la France la tête de l’ancien ministre, Abdeslam Bouchouareb poursuivi pour des malversations

L’ancien ministre algérien de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, 72 ans, condamné par contumace dans son pays d’origine, à des peines totalisant 100 ans de réclusion, a appelé mercredi 18 septembre, la justice française à s’opposer à son extradition vers l’Algérie, où selon ses avocats, il fait l’objet de «poursuites politiques» dans un contexte de «purge de l’ère Bouteflika».

Abdeslam Bouchouareb, qui était député puis ministre algérien de l’Industrie et des Mines entre avril 2014 et mai 2017, avait été propulsé en politique par le défunt président algérien, Abdelaziz Bouteflika, décédé en 2021, après avoir été chassé du pouvoir en avril 2019, par le Hirak, un mouvement populaire d’une contestation inédite dans ce pays du Maghreb. Mais, à l’instar d’autres dignitaires de la présidence Bouteflika, Bouchouareb a été condamné par défaut à de lourdes peines de prison pour corruption et détournements de deniers publics.

A présent les autorités algériennes demandent son extradition pour purger sa peine dans son pays d’origine, une question sur laquelle la chambre d’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence (sud de la France)  devrait se prononcer le 9 octobre prochain.

En tout, cette instance est saisie de huit requêtes d’extradition, trois afin d’exercer des poursuites et cinq pour exécuter cinq jugements condamnant chacun Abdeslam Bouchouareb à 20 ans de réclusion, à des millions de dinars algériens d’amende, à la saisie de son patrimoine pour des faits de corruption, favoritisme, conflit d’intérêts et autres délits notamment de détournements de fonds publics.

L’enquête menée par les services judiciaires spécialisés a conclu que Bouchouareb détenait une fortune colossale estimée à plusieurs milliards de dinars. Elle a également dévoilé que l’ancien ministre possédait une villa à Chérage  (Alger), dont l’acquisition s’est faite par des voies douteuses, évaluée à 150 milliards de centimes. La villa en question avait été louée durant plusieurs années à l’ambassade d’Irak en Algérie, avant de servir de parc où étaient cachés des voitures de luxe et différents objets de valeur.

Par ailleurs, l’enquête a révélé que l’ex-ministre cité dans le scandale de Panama Papers, était propriétaire de plusieurs entreprises, créées en son nom et aux noms des membres de sa famille. Entre autres, il serait titulaire de huit comptes bancaires où sont placés des dizaines de milliards de dinars et de grosses sommes d’argent en devises.

Accusé de fausses déclarations de ses biens, Bouchareb aurait reçu de certains hommes d’affaires plusieurs milliards de dinars de pots-de-vin, une villa à Hydra estimée à 60 milliards de centimes, trois appartements à Alger, Annaba et Boumerdès et deux voitures de luxe.

Tous les biens et la fortune de l’ex-ministre de l’Industrie, ont été confisqués au profit de l’État algérien. Condamné en 2019 pour corruption, Abdeslam Bouchouareb serait finalement dépossédé de toute sa fortune par la justice en Algérie. La procédure s’étire depuis le 5 octobre 2023, date à laquelle Bouchouareb, domicilié dans les Alpes-Maritimes en France, a été placé sous contrôle judiciaire avec pour seules obligations de ne pas quitter la France, où il réside légalement, et de remettre son passeport aux autorités françaises.