L’ancienne vice-présidente du Zimbabwe, Joice Mujuru, défie ouvertement désormais le président Robert Mugabé, avec la publication, mardi, de son manifeste dans lequel elle revient sur des mesures chères à Mugabe. Ce qui laisse présager ses ambitions politiques d’affronter le président actuel à la présidentielle de 2018.
Dans son manifeste, Mujuru remet en cause, entre autres, les lois d’indigénisation qu’elle se propose de réformer. Pour elle, ces lois qui veulent que la majorité des parts dans des entreprises soient détenues par des Zimbabwéens, constituent un obstacle majeur pour les investissements étrangers.
Le chef de l’Etat avait mis en place, dans les années 2000, une réforme agraire qui avait abouti à l’expropriation d’environ 4000 fermiers blancs installés depuis des décennies dans le pays. Sauf que les nouveaux propriétaires, dont des proches du parti au pouvoir, se sont montrés incapables, selon des observateurs, d’assurer la continuité des exploitations, faute de compétences et de moyens conséquents.
Pour l’ex-vice présidente, il est temps de «renforcer, promouvoir et respecter le droit à la propriété privée tout en offrant des dédommagements justes et transparents», afin de pallier aux conséquentes néfastes occasionnées par ces expropriations, dont la chute du secteur agraire, jadis un des secteurs soutenant l’économie du pays.
Mujuru a été démise de ses fonctions de vice-présidente en fin d’année passée. Elle était soupçonnée de comploter contre le pouvoir en place, alors qu’elle était, auparavant, pressentie comme celle qui devait succéder à Mugabe.
Celle qui a occupé des postes ministériels depuis l’indépendance de son pays, en 1980, jusqu’à 2014, rêve désormais d’un «Etat démocratique» qui avancerait, économiquement, grâce notamment à l’ouverture du pays aux investissements étrangers, socialement et politiquement. Joice Mujuru devrait lancer, prochainement, sa propre formation politique.