Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a invité, mardi, les autorités tunisiennes à protéger les processus démocratiques du pays et à défendre les libertés fondamentales après une campagne présidentielle marquée par la répression de l’opposition, des militants indépendants et des journalistes, rapporte le service d’information de l’ONU.
Rappelant que, dans les semaines précédant les élections, plus d’une centaine d’opposants, dont des candidats potentiels, ont été arrêtés pour divers motifs allant de la falsification de documents électoraux à des accusations liées à la sécurité nationale, Türk a estimé que « ces affaires sont préoccupantes » dans la mesure où « leurs procès témoignent d’un manque de respect pour les garanties d’une procédure régulière et d’un procès équitable ».
Le chef des droits de l’homme de l’ONU s’est, entre autres, insurgé aussi contre l’adoption, par le Parlement, d’une loi soustrayant les litiges électoraux à la compétence du Tribunal administratif ; tout en alertant que « le rejet d’une décision de justice juridiquement contraignante est en contradiction avec le respect fondamental de l’état de droit ».
L’ONU inscrit cette situation dans un contexte de pressions de plus en plus fortes exercées sur la société civile au cours de l’année écoulée, durant laquelle de nombreux journalistes, défenseurs des droits humains et opposants politiques ont été pris pour cibles, de même que des juges et des avocats.
« Depuis 2011, la Tunisie a été pionnière dans les efforts visant à garantir la responsabilité et la réparation des atteintes passées, notamment par le travail de l’Instance vérité et dignité », a déclaré le Haut-Commissaire, ajoutant que « malheureusement, plusieurs de ces acquis ont été perdus ».
Türk a ainsi demandé à Tunis d’entreprendre des « réformes indispensables » pour renforcer l’état de droit, conformément au droit international des droits humains, notamment en ce qui concerne les libertés d’expression, de réunion et d’association ; et a appelé également à « la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement ».
Soulignons que le président tunisien, Kais Saied, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 6 octobre passé, ayant obtenu 90,69 % des voix. Trois candidats étaient en lice dont l’un est en prison. Le scrutin a été partculièrement marqué par une faible participation.