Le Moden (Mouvement démocratique nigérien), la principale formation de l’opposition au Niger, a investi dimanche dernier son leader Hama Amadou comme son candidat officiel aux élections présidentielles de février prochain.
Hama Amadou qui s’est exilé depuis un an en France, est ainsi le premier candidat officiellement déclaré pour ce scrutin qui se présente dans un climat politique tendu. Les opposants accusent le président nigérien Mahamadou Issoufou de provoquer des scissions au sein de leurs formations pour assurer sa réélection.
Le mois dernier, les détracteurs du chef de l’Etat avaient rejeté le calendrier fixé par la Commission électorale, se plaignant que son établissement n’avait pas fait l’objet d’un « consensus ». Auparavant, c’était la Cour constitutionnelle, chargée de valider les candidatures et les résultats des élections, qui avait dû subir leurs critiques pour une supposée « allégeance » au président sortant.
Mais l’affaire de l’ancien président du Parlement Hama Amadou semble attirer toute l’attention. Bien que le Moden ne soit que la troisième formation politique du pays derrière le PNDS (Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme) du président Issoufou, et le mouvement national pour la société de développement, au pouvoir entre 1999 et 2010, Hama Amadou est considéré comme le rival direct du chef de l’Etat. Or, il est impliqué dans une affaire de trafic de bébés, sa seconde épouse étant soupçonnée d’avoir acheté ses deux jumeaux dans « une usine à bébés » du Nigéria. L’autorisation par les députés de son audition par la justice l’avait fait quitter précipitamment le Niger fin août 2014.
Pour Hama Amadou, cette affaire est un « dossier politique » visant à « l’écarter de la présidentielle ». L’opposant en exil souhaite que ce dossier soit transmis à la justice française qu’il juge impartiale pour que la lumière soit faite. Cette affaire menace des élections que la communauté internationale juge indispensables pour garantir la stabilité d’un pays menacé par Boko Haram au sud et les djihadistes libyens et maliens au nord et à l’ouest.