Sept dirigeants de la majorité en République démocratique du Congo dénoncent dans une lettre au président Joseph Kabila publiée lundi la stratégie suicidaire suivie selon eux par le pouvoir qui entretient la confusion sur la tenue des prochaines élections.
La stratégie actuelle nous paraît suicidaire, écrivent ces responsables de formations politiques alliées au Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de M. Kabila, qui avaient déjà interpellé le chef de l’État en février par voie épistolaire.
« L’évolution politique des dernières semaines a conduit l’écrasante majorité des Congolais à la conviction qu’il y a des intentions inavouées de ne pas respecter la Constitution », ajoutent les membres de ce groupe, surnommé G7, dans ce texte publié à la veille de la rentrée parlementaire.
« Quant à la tenue des prochaines élections tant attendues par le Peuple congolais, chaque jour qui passe apporte plus de confusion que de clarté », ajoute la lettre signée notamment par Yves Mobando-Yogo, vice-président du Mouvement social pour le renouveau, plus gros parti de la coalition gouvernementale après le PPRD, et par Olivier Kamitatu, président de l’Alliance pour le renouveau du Congo (ARC) et ministre du Plan.
La publication de cette lettre intervient alors que le parti d’opposition historique, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi avoir rompu ses pourparlers avec le pouvoir destinés à préparer le dialogue national proposé par M. Joseph Kabila en vue de la tenue d’élections apaisées.
Dans un communiqué signé de son président, Étienne Tshisekedi, rival malheureux de M. Kabila à la présidentielle de 2011, l’UDPS a appelé toutes les forces politiques et sociales acquises au changement, à l’organisation d’un processus électoral crédible, dans un climat apaisé, et tenant compte des délais constitutionnels.
Le climat politique est tendu en RDC à l’approche d’un cycle d’élections censé s’ouvrir fin octobre pour mener à la présidentielle de novembre 2016, à laquelle la Constitution interdit à M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se présenter.
Depuis plusieurs mois, l’opposition accuse le chef de l’État de manoeuvrer pour se maintenir au pouvoir au-delà de la fin se son mandat.
Le mécontentement gronde aussi au sein de la majorité depuis le début de l’année, jusqu’au sein même du PPRD, alors que le chef de l’État entretient le doute sur ses intentions et son avenir politique.
Jusqu’à présent, rares sont ceux, au sein de son camp, qui ont osé interpeller M. Kabila aussi ouvertement que le fait le G7 en plaidant pour une alternance politique au sein de la majorité.
Pour l’opposition, l’insistance du gouvernement et de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à vouloir tenir avant la présidentielle et les législatives de novembre 2016 des élections locales jamais organisées depuis l’indépendance du pays en 1960 est le signe d’une volonté manifeste de faire glisser le calendrier électoral.