Human Rights Watch déplore le retrait de trois États du Sahel de la CEDEAO

Le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le 29 janvier dernier, soulève des inquiétudes quant à l’accès à la justice pour les victimes de graves violations des droits humains dans ces trois pays du Sahel, dans la mesure où leurs citoyens sont désormais privés d’accès à la cour régionale de l’Afrique de l’Ouest, a déploré hier mardi, l’ONG Human Rights Watch (HRW).

D’après la chercheuse senior sur le Sahel à HRW, Ilaria Allegrozzi, les trois pays, dirigé chacun par une junte militaire, «ont omis de mentionner» qu’ils «faisaient face, au moment de cette décision, à des condamnations croissantes de la part de la communauté internationale pour les atrocités commises par leurs forces et leur répression des institutions démocratiques».

L’ONG rappelle que depuis 2005, la Cour de Justice de la Communauté de la CEDEAO a compétence pour entendre des affaires de droits humains portées par des citoyens des États membres ; elle a rendu des décisions historiques en matière de droits humains, y compris dans des affaires concernant le Burkina Faso, le Mali et le Niger ; et une de ses particularités est que les personnes souhaitant porter plainte n’ont pas besoin d’épuiser les recours locaux avant de déposer une plainte.

Or, le retrait des trois pays de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) de la CEDEAO, privera leurs citoyens d’une voie importante vers la responsabilisation et la justice, à un moment où les abus contre les civils liés aux conflits sont monnaie courante dans la région du Sahel, et où l’accès aux tribunaux nationaux est de plus en plus limité, regrette l’organisation de défense des droits de l’homme.

Pour justifier leur retrait de la CEDEAO, Bamako, Ouagadougou et Niamey ont, entre autres, accusé cette organisation sous-régionale de «trahir ses principes fondateurs » et d’être « sous l’influence de puissances étrangères», allusion faite entre autres à la France.