La France craint de nouveaux affrontements armés en Ethiopie, particulièrement au Tigré

La France «déconseille fortement à ses ressortissants de se rendre au Tigré, région troublée du nord de l’Ethiopie, où des affrontements internes entre deux factions» du parti local font craindre un retour imminent de la guerre, a alerté ce mercredi 12 mars, la diplomatie française.

Les mises en garde de Paris sont fondées sur un constat. Ce mardi 11 mars, l’administration intérimaire du Tigré a annoncé le renvoi de trois hauts gradés des Forces de défense du Tigré (TDF – armée locale), une mesure qui n’a pas été reconnue par Debretsion Gebremichael, numéro 1 du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). 

Le 11 mars, les forces fidèles au numéro 1 du TPLF ont pris le contrôle de la localité-clé d’Adigrat, deuxième grande ville de la région du Tigré. 

«Compte tenu des affrontements internes en cours au Tigré, notamment à Adigrat et dans la capitale régionale Mekele, tout déplacement dans l’ensemble de la région du Tigré est désormais formellement déconseillé», ont souligné ce mercredi 12 mars les Affaires étrangères françaises.

La diplomatie de Paris va plus loin en «demandant aux ressortissants français de passage de quitter le Tigré dans les meilleurs délais» d’une part. Et d’autre part, Paris a également demandé aux ressortissants français au Tigré de «constituer des stocks de sécurité (nourriture, eau, médicaments, éventuellement carburant) et de faire preuve de la plus grande prudence».

La diplomatie française a en outre enjoint ses ressortissants «d’éviter tout déplacement non indispensable dans le nord de la région Afar», frontalière de l’Erythrée, alors que les tensions sont également vives entre les deux voisins de la Corne de l’Afrique.

La région du Tigré avait été le théâtre entre novembre 2020 et novembre 2022 d’un des conflits les plus violents et meurtriers en Afrique ces dernières décennies. Il a opposé les forces fédérales (appuyées par des milices locales et l’armée érythréenne) et les rebelles tigréens. 

Cette guerre à bas bruit et sans caméras a entraîné la mort «d’au moins 600.000 personnes au Tigré», une région qui compte environ 6 millions d’habitants, selon l’Union Africaine et plusieurs chancelleries occidentales. Les armes se sont tues au Tigré après un accord de paix signé, fin 2022, à Pretoria, la capitale de l’Afrique du Sud.