La remise jeudi 10 décembre du prix Nobel de la paix au Quartette pour le dialogue national en Tunisie tombe comme une réponse et un défi des groupes terroristes auxquels la démocratie naissante dans le pays résiste avec courage et ténacité.
Cette indispensable résistance a été soulignée par l’un des membres du quartette lors de la cérémonie de remise du prix à Oslo. « Aujourd’hui, nous avons besoin de faire de la lutte contre le terrorisme une priorité absolue », a insisté Houcine Abassi, le secrétaire général du syndicat UGTT, l’une des composantes du quartette, aux côtés de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), l’organisation patronale Utica et l’Ordre national des avocats.
Les quatre formations ont joué un rôle quasi-providentiel dans le maintien de la stabilité en Tunisie après la chute du régime Ben Ali en 2010. En croyant et en organisant un dialogue entre les islamistes du parti Ennahda et les modernistes-laïcs, le quartette a réussi à éviter au pays le chaos et la guerre civile dans lesquels ont sombré d’autres Etats arabes rattrapés par ce qui a été hâtivement baptisé le Printemps arabe.
C’est assurément grâce à ce dialogue, lancé en 2013, que la Tunisie a échappé au sort de la Libye voisine, de la plus lointaine Syrie, voire du Yémen et de l’Egypte.
La menace terroriste persiste encore dans le pays, qui a été confronté à trois grandes attaques en 2015, menées par des groupes terroristes qui traversent les frontières poreuses avec l’Algérie et la Libye. Plus de 70 personnes ont été tuées dans ces agressions terroristes, dont la majorité étaient des touristes étrangers, cibles privilégiées des jihadistes qui se réclament de l’organisation dite Etat Islamique.
D’autres attaques terroristes moins médiatisées ont lieu régulièrement et touchent particulièrement les forces de l’ordre et des civils. Ce qui a poussé le président Béji Caïd Essebsi à rétablir l’état d’urgence le 25 novembre après avoir été levé un mois plus tôt, et à décréter un couvre-feu à Tunis et dans sa région.
Et malgré cet agenda terroriste qui lui est imposé, les tunisiens persistent à croire en la transition démocratique, grâce en grande partie à l’action inlassable du quartette récipiendaire du prix Nobel de la paix 2015.