Le limogeage du ministre sud-africain des Finances Nhlanhla Nene, par le président Jacob Zuma, a suscité de nombreuses craintes quand à l’avenir économique de l’Afrique du Sud.
Alors que l’économie de la première puissance industrielle de l’Afrique est actuellement en crise, plusieurs experts économistes, au-delà même des frontières nationales, manifestent leur incompréhension et leur indignation face à la décision de Zuma de remercier son ministre des Finances. Pour eux, Néné était plutôt l’homme de la situation, car grand travailleur et sérieux.
Mercredi 9 décembre, le chef de l’Etat a annoncé dans un communiqué que Nhlanhla Nene devait être réaffecté «à un autre poste stratégique», sans fournir de raison officielle motivant ce licenciement.
Au lendemain de cette annonce, le rand, la devise sud-africaine qui est sous pression depuis le début de l’année, a plongé à son plus bas niveau historique, atteignant pour la première fois la barrière de 15 rands pour un dollar.
Selon plusieurs observateurs, Néné n’a pas été limogé à cause de sa politique budgétaire, mais serait confrontée à une décision politique. Il serait en train de payer ses critiques envers le président Zuma.
Le ministre licencié s’est opposé au chef de l’Etat sur plusieurs projets, tel celui concernant la compagnie aérienne para-publique South African Airways (SAA). Néné a refusé récemment de renégocier un contrat entre SAA et Airbus, parce que jugée, à ses yeux, comme une transaction non viable financièrement.
Le ministre limogé, qui était nommé en mai 2014, a été remplacé par David van Rooyen, un député de l’ANC (parti au pouvoir), sans expérience dans le domaine des finances. Ce dernier a reconnu, au moment de sa prestation de serment, «la tâche colossale» qui lui incombe désormais, reconnaissant que «les perspectives économiques mondiales ne sont pas favorables» et que «tous les indicateurs économiques pointent vers le bas».
En principe, le gouvernement n’a plus que deux mois pour annoncer le budget de l’année fiscale 2016/2017. Ce qui fait dire aux observateurs que la décision de Zuma est «irresponsable».