Un audit mené au Burkina Faso, par l’Autorité supérieure du contrôle de l’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC), a relevé de nombreuses irrégularités sous le gouvernement de la Transition, dont plus de 55% des marchés publics ont été cédés de «gré à gré».
Le rapport d’audit, qui a porté notamment sur la «gestion de la commande publique», a été rendu public ce vendredi 22 avril. Il reproche le gouvernement de Transition de «mauvaise gestion.»
Parmi les nombreuses irrégularités notées, figure le «recours abusif à l’entente directe pour les commandes publiques» et le «non-respect de la réglementation des achats publics dans l’exécution de la commande publique». Le rapport mentionne un montant de 63,1 milliards de FCFA (environ 96 millions d’euros), soit 55,33% du montant total des commandes publiques passées pendant la période de la Transition, qui seraient faites sur la base d’ententes directes et d’appels d’offres restreints.
Ce qui est «en violation massive des textes» et «traduit un recours abusif aux procédures exceptionnelles». Le taux de 55,33% est largement supérieur à la norme régionale fixée par l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), soit 15%.
«Cette situation a (eu) pour conséquence des risques élevés de collusion, de corruption, d’enrichissement illicite et de gaspillage des ressources budgétaires», souligne le rapport.
Le document de l’ASCE/LC dénonce aussi «l’existence de nombreuses dépenses sans pièces justificatives» ou des «pièces justificatives irrégulières», précisant que «tout ce qui n’est pas justifié est considéré comme un détournement.»
L’ex-Premier ministre de la Transition, Isaac Zida, et dix-huit membres de son gouvernement, des membres de leur famille, sont nommément cités dans le rapport et accusés de s’être fait attribuer des parcelles dans le quartier chic de Ouaga 2000 (sud de la capitale).
Cet audit qui a mobilisé 120 auditeurs pendant deux mois, a été commandé par le nouveau président Roch Marc Christian Kaboré, mais aussi effectué à la demande de l’ancien premier ministre Zida. L’audit a concerné tous les départements ministériels et le Programme spécial d’urgence de la Transition, ainsi que la Commission de réconciliation nationale.
Déplorant les manquements, le rapport d’audit reconnait aussi «l’amélioration dans la gestion de la Transition par rapport à ce qui se passait avant» sous le régime de Blaise Compaoré.