Plusieurs milliers de militants de l’opposition en Mauritanie ont manifesté samedi à Nouakchott, la capitale, pour dire «non» au projet de révision constitutionnelle voulu par le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, et qui prévoit, entre autres, la suppression du Senat.
«Nous manifestons aujourd’hui pour dire à Ould Abdel Aziz que la Constitution est une ligne rouge», a déclaré Saleh Ould Henenna, président du Forum pour l’unité et la démocratie (FNDU) qui réunit 10 partis d’opposition.
Le chef de l’Etat a annoncé ce projet concernant la suppression de la deuxième chambre du Parlement, par référendum, le 3 mai passé lors d’un discours prononcé à Néma, dans le sud-est du pays.
Mohamed Ould Abdel Aziz a justifié son projet par le fait que le Sénat «alourdit le processus d’adoption des lois» dans le pays. Il a aussi prétendu que le Sénat «coûte cher» à la Mauritanie et il ne serait qu’un «copier-coller» d’un cliché étranger n’ayant aucune utilité pour son pays.
Le président mauritanien a proposé de créer à la place des «conseils régionaux», chargés du «développement des provinces». Il a ainsi prévu un dialogue politique inclusif, avant le référendum, tout en donnant à l’opposition «trois à quatre semaines» pour se décider sur sa participation.
La réaction de l’opposition n’a pas tardé. Elle rejette purement et simplement le projet tel que conçu par le pouvoir, considérant que toutes les conditions ne sont pas réunies. «Pour nous, toute réforme à la Constitution doit être issue d’un dialogue consensuel dans lequel tous les Mauritaniens se retrouvent», a précisé Ould Henenna.
«L’opposition n’acceptera pas d’aller au dialogue dont Ould Abdel Aziz a déjà défini les thèmes, mais à une concertation qui comporterait des garanties et pour des sujets adoptés de façon consensuelle», a-t- ajouté.
Le FNDU estime que ce projet présidentiel est un prétexte pour faire sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiel, afin de permettre au président actuel de briguer un troisième mandat.
L’opposition réclame la formation d’un «gouvernement d’union nationale», un accès aux médias d’Etat et la reconstitution de certaines institutions, tels le Conseil constitutionnel et la commission électorale nationale.