Amnesty International a invité, ce jeudi, les autorités de Kampala de procéder à l’arrestation immédiate du président soudanais, Omar el Béchir qui assiste dans la capitale ougandaise à la cérémonie d’investiture du président ougandais, Yoweri Museveni et le remettre à la Cour pénale internationale (CPI).
«L’Ouganda doit respecter ses obligations internationales et arrêter Omar el Béchir qui est recherché pour génocide», a déclaré Muthoni Wanyeki, directrice régionale du bureau Afrique de l’Est d’Amnesty, affirmant que tout refus de Kampala serait une trahison.
Pour Wanyeki, «le gouvernement du président Museveni doit prendre maintenant les mesures nécessaires pour l’arrêter et veiller à ce que le prochain avion qu’il prendra le conduise directement à La Haye, où la justice l’attend».
Pourtant, l’Ouganda qui avait promis, en novembre 2015, d’apporter son «soutien à la CPI dans son combat contre l’impunité», semble faire volte-face.
Dans sa prestation de serment, le président Museveni a violemment critiqué la CPI et les Occidentaux, qu’il a qualifiés d’«une bande d’inutiles» et des «pays fiers et arrogants». «Nous avons perdu tout intérêt pour la CPI. La CPI n’est plus notre affaire. C’est un corps inutile. Initialement nous avons supporté la CPI en pensant qu’ils étaient sérieux, mais ce n’est qu’une poignée de personnes inutiles», a martelé le président ougandais.
Le porte-parole du gouvernement ougandais a quant à lui, souligné clairement qu’Omar el-Béchir ne sera pas arrêté et que «l’Ouganda garantirait son retour en tout sécurité à Khartoum».
Les délégations américaine et européenne, présentes à l’investiture de Museveni ont quitté les lieux avant la fin de la cérémonie pour protester contre les propos du président ougandais vis-à-vis de la CPI.
«A Kampala, le président Museveni a fait des remarques désobligeantes à l’égard de la CPI devant des participants, notamment des chefs d’Etat», a dénoncé la porte-parole du département d’Etat américain, Elizabeth Trudeau.
Omar el-Béchir est poursuivi, depuis 2009, par la CPI pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide dans le conflit au Darfour qui avait fait plus de 300.000 morts. Il pourrait encore s’échapper comme il l’avait fait en Afrique du Sud il y a quelques mois.
Le président Yoweri Museveni, 71 ans, a été réélu pour un cinquième mandat de cinq ans à l’issue d’un scrutin très controversé, en février.