La multiplication des violences racistes contre les étudiants africains en Inde a poussé les ambassadeurs africains à New Delhi à interpeller, dans un communiqué, le gouvernement indien pour agir en conséquence, au risque de recommander à leurs pays respectifs de ne pas envoyer de nouveaux étudiants en Inde, tant que leur sécurité ne sera pas garantie.
Le dernier crime en date, ou la goutte qui a fait déborder le vase, remonte au vendredi 20 mai où un étudiant, âgé de 29 ans et originaire de la République démocratique du Congo (RDC), a été tué à coups de pierres et de briques par trois Indiens.
«Plusieurs agressions et épisodes de harcèlement d’Africains en Inde sont passés inaperçus, sans poursuites judiciaires sérieuses ni condamnation de leurs auteurs», a déclaré, dans le communiqué, Alem Tsehage Woldemariam, ambassadeur d’Erythrée et doyen des chefs de mission en Inde.
Woldemariam a aussi informé que les ambassadeurs africains ont annulé leur participation à l’Africa day, une rencontre organisée par le Conseil indien pour le renforcement des relations culturelles, évoquant le deuil qu’ils traversent encore.
Pour les diplomates africains en poste en Inde, les Africains à New Dehli vivent «dans un climat de peur et d’insécurité». C’est depuis quelques années que les attaques à connotation raciste sont perpétrées contre les ressortissants africains. En 2013, un étudiant burundais avait passé neuf mois dans le coma après s’être fait fracasser la tête par un groupe d’Indiens.
«Cette fois, la coupe est pleine», s’est exclamé un conseiller à l’ambassade de la RDC en Inde, Kasongo Musenga, faisant allusion faite au dernier meurtre de l’étudiant congolais.
En guise de réaction, la ministre des Affaires étrangères, Sushma Swaraj, a expédié un tweet annonçant le lancement d’un programme de sensibilisation pour rappeler aux Indiens que ces agressions contre les étrangers «embarrassent».
Reste à savoir si ces propos que certains observateurs ont qualifiés «d’une banale opération de communication» suffiront pour ne pas ternir l’image de bon partenaire économique que l’Inde se construit sur le continent africain. Pour rappel, l’Inde a réuni en octobre dernier, à New Delhi, les chefs d’Etat et de gouvernement des 54 Etats africains dans le cadre du troisième sommet Inde-Afrique, pour donner une nouvelle impulsion à leur coopération économique et commerciale.