L’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a déploré l’intention de l’Union européenne (UE) de conditionner l’octroi de son aide financière aux pays africains par les actions contre la migration clandestine.
En substance, l’UE menace «d’imposer une réduction de l’aide au commerce et au développement» aux pays africains qui «n’endigueraient pas la migration vers l’Europe ou qui ne faciliteraient pas les retours forcés» de migrants irréguliers.
«Cela signifie que si ces Etats acceptent et le font bien, ils bénéficieront d’aides financières, mais sinon l’Union européenne pourra les menacer de leur couper les aides au développement. Donc, on est devant une sous-traitance auprès d’un grand nombre d’Etats, qui portera atteinte au droit d’asile», a affirmé le directeur général de MSF, Stéphane Roques, précisant qu’«Ankara, c’était le coup de semonce. Là, l’Union européenne va beaucoup trop loin».
L’ONG MSF s’est aussi insurgée contre l’accord récemment signé entre l’UE et la Turquie. Cet accord constitue, pour l’organisation, un échec humanitaire en ce sens qu’il «repousse les personnes et leurs souffrances loin des côtes européennes».
D’une manière générale, l’ONG considère que la politique migratoire de l’UE est «honteuse» dans la mesure où elle met l’accent sur la dissuasion au lieu de privilégier la protection et le droit d’asile. C’est aussi une politique qui «met en péril la notion même de ce qu’est un réfugié», toujours d’après l’ONG.
Pour cela, elle a annoncé ce week-end, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, qu’elle n’acceptera plus aucun financement de l’Union européenne et de ses Etats membres. Pour combler l’aide de l’UE qui représente 5% de son budget, MSF préfère se tourner vers d’autres bailleurs de fonds.
Le directeur général de MSF, Stéphane Roques, assume. «On veut se démarquer des politiques européennes sur l’accueil des réfugiés», a-t-il déclaré à la presse.
En 2015, «les fonds issus des institutions de l’UE ont représenté 19 millions d’euros, ceux issus des Etats membres ont représenté 37 millions d’euros».