Trois décennies après avoir quitté l’OUA en protestation contre l’admission de la république du Sahara revendiquée par le Polisario avec le soutien de l’Algérie, le Maroc a décidé de réintégrer l’Union africaine, une décision contenue dans un message adressé dimanche par le roi Mohammed VI au sommet de l’Union africaine, réuni à Kigali.
Le souverain marocain dit répondre au souhait de nombreux pays africains qui demandent depuis longtemps que le Maroc « retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé ». Pour Mohammed VI, cette décision de retour au sein de l’UA, « réfléchie et longuement mûrie, émane de toutes les forces vives du Royaume ».
Une détermination reflétée par l’intense activité déployée par la diplomatie marocaine au cours des dernières semaines dans de nombreuses capitales africaines. Les relations de plusieurs de ces pays avec Rabat n’ont d’ailleurs jamais été aussi florissantes.
En effet, jamais l’Afrique n’a été autant au cœur de la politique étrangère et de l’action internationale du Maroc. Au niveau économique, la forte présence des opérateurs marocains dans le domaine de la banque, des assurances, du transport aérien, des télécommunications et du logement, font que le Royaume est à l’heure actuelle le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest.
« Le Maroc, qui a quitté l’OUA n’a jamais quitté l’Afrique. Il a seulement quitté une institution, en 1984, dans des circonstances toutes particulières », insiste le souverain chérifien dans son message au sommet de l’UA.
Des circonstances qui expliquent le « sentiment légitime que la reconnaissance d’un pseudo état était dure à accepter par le peuple marocain ». Il est « difficile d’admettre que le Royaume, Nation pérenne et ancestrale, soit comparé à une entité ne disposant d’aucun attribut de souveraineté, démunie de toute représentativité ou effectivité ».
Dans ce contexte, Mohammed VI appelle l’UA à être cohérente avec la position nationale de ses propres États membres, « puisqu’au moins 34 pays ne reconnaissent pas ou plus » la république du Polisario.
L’UA ne peut seule préjuger de l’issue du processus de règlement de la question du Sahara, qui est entre les mains de l’ONU. « Par sa neutralité retrouvée, elle pourrait, par contre, contribuer d’une manière constructive à l’émergence de cette solution », insisté le souverain chérifien, qui a affirmé sa confiance dans « la sagesse de l’UA pour rétablir la légalité et corriger les erreurs de parcours ».