La justice tchadienne a classé sans suite le dossier de la disparition des militaires qui était intervenue au lendemain de la présidentielle du 9 avril dernier.
Au terme de l’enquête où la police a écouté, les leaders de l’opposition, de la société civile et des chefs militaires, le procureur de la République dit n’avoir retenu aucun fait pénal et a décidé de classer l’affaire sans suite.
Selon le procureur Alghassim Khamis, «l’enquête n’a pu retenir aucun fait pénal quelconque. C’est pourquoi après examen des procès-verbaux transmis et après avoir effectué tous les compléments d’enquête jugés utiles, le parquet d’instance a décidé de classer sans suite le dossier pour des faits non établis.»
Il a aussi précisé que le «dénonciateur avait connu lui-même qu’aucun militaire n’est ni mort, ni disparu. Et en définitive, la preuve de vie de ces militaires supposés morts ou disparus est à présent formellement établie.»
Au moment où l’affaire avait éclaté, plusieurs candidats d’opposition et des associations de la société civile avaient accusé le pouvoir d’avoir fait disparaître des membres des forces de défense et de sécurité qui n’auraient pas voté pour le président sortant Idriss Déby.
Pour une partie de la presse locale, le verdict de la justice n’est pas surprenant dans la mesure où les juges ne sont pas indépendants dans l’exercice de leur travail. «Rendre un verdict qui va à l’encontre du pouvoir en place est perçu comme un acte téméraire sévèrement sanctionné comme tel», affirme le journal «Le Pays».
Ce média s’interroge aussi sur le bienfondé de la déclaration du procureur qui atteste de «la preuve de vie de tous les soldats supposés morts ou disparus», alors que certaines familles disent, selon le journal, n’avoir pas retrouvé les leurs, depuis le 9 avril, jour où les forces de défense et de sécurité ont voté.
Un des avocats des chefs de parti d’opposition, Me Alain Kagonbé, ne désespère pas. Il estime que le classement sans suite n’emporte pas l’extinction de l’affaire qui peut resurgir un jour.