Le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn a remanié ce mardi son équipe gouvernementale, avec une ouverture plus prononcée sur la communauté oromo qui s’est distinguée ces dernières semaines par des manifestations contre le gouvernement.
Les Oromos se sont vus accorder deux ministères clés qui étaient toujours détenus par des Tigréens, notamment ceux des affaires étrangères et de la Communication. Le nouveau chef de la diplomatie, Workneh Gebeyehu, occupait le poste de ministre des Transports dans l’ancien gouvernement.
Toujours est-il que certaines personnalités caciques du régime sont maintenues a leurs places dans la nouvelle équipe gouvernementale. Sur les 30 ministres sortants, neuf ont conservé leurs portefeuilles.
L’ancien ministre des Affaires étrangères, Tedros Adhanom a quitté le gouvernement pour se consacrer à sa campagne pour le poste de directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). La nouvelle équipe, qui comprend trois femmes, a été approuvée par le Parlement.
Quoi que le chef du gouvernement ait évoqué un nouveau gouvernement plus technocrate et moins politique, plusieurs observateurs sont d’avis que le remaniement ministériel répond en quelque sorte aux aspirations des ethnies oromo et amhara qui représentent plus de 60% de la population et qui dénoncent la domination de la minorité des Tigréens au pouvoir.
Les deux communautés reprochent aux Tigréens d’occuper des postes-clés au sein du gouvernement et des forces de sécurité. C’est depuis novembre 2015 que la région oromo (centre et ouest) conteste contre le gouvernement ; elle a été rejointe par la suite par la région la région amhara (nord).
L’ouverture aux Oromos est le deuxième geste fort que les autorités ont posé après la libération, dimanche, de 2000 opposants arrêtés lors de manifestations antigouvernementales de ces dernières semaines. Le pays est sous l’état d’urgence qui a été décrété le 9 octobre et qui durera six mois, sur tout le territoire.