La coopération entre le Maroc et le Nigeria vient de prendre sa vitesse de croisière avec le lancement de deux importants projets à la dimension régionale pouvant profiter largement à un bon nombre de pays de la sous-région ouest africaine.
Après le lancement la veille d’un grand projet de partenariat stratégique pour le développement de l’industrie des engrais dans ce pays subsaharien, le Roi du Maroc, Mohammed VI, actuellement en visite officielle au Nigeria, et le Président Nigérian, Muhammadu Buhari ont présidé ce samedi à Abuja, la signature d’un accord portant sur la construction d’un gazoduc régional devant associer les ressources gazières du Nigeria, du Maroc et de plusieurs pays ouest-africains dont notamment le Sénégal.
Les deux chefs d’Etat ont également présidé la cérémonie de signature de nouvelles conventions de coopération dans les domaines des investissements, de la formation, de renforcement des compétence des jeunes, des hydrocarbures et des mines, du tourisme, des banques, des finances, des assurances et de la logistique. Ces conventions viennent s’ajouter à cinq autres accords et conventions signés la veille dans d’autres domaines.
Dans un communiqué conjoint, les ministres des Affaires étrangères marocain et nigérian précisent que suite aux discussions que les deux chefs d’Etat ont eues à ce sujet à Marrakech en marge de la COP22 et à Abuja, les deux partenaires «ont décidé d’étudier et de prendre des mesures concrètes pour la promotion d’un projet de Gazoduc régional appelé à relier les ressources gazières du Nigeria, celles de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et le Maroc ».
Il s’agit d’un «projet «majeur» destiné à favoriser l’intégration économique régionale, ajoute le communiqué, précisant que le futur «pipeline sera conçu avec la participation de toutes les parties prenantes, dans le but d’accélérer les projets d’électrification dans toute la région».
Ce méga-projet, ajoute la même source, servira de «base pour la création d’un marché régional compétitif de l’électricité, susceptible d’être relié au marché européen de l’énergie.
La construction du gazoduc devrait permettre selon le communiqué, «des pôles industriels intégrés dans la sous-région dans des secteurs tels que l’industrie, l’agro-business et les engrais, afin d’attirer des capitaux étrangers, et d’améliorer la compétitivité des exportations, et de stimuler la transformation locale des ressources naturelles largement disponibles pour les marchés nationaux et internationaux ».
« En favorisant une intégration économique plus profonde, fondée sur des complémentarités positives, des synergies durables et des approches inclusives », soulignent les deux parties, «cette plate-forme Sud/Sud accélérera la transformation structurelle des économies nationales de la région, plaçant ainsi toute la région sur le chemin d’une croissance plus forte ».
En attendant l’aboutissement de ce grand projet, le souverain marocain et le président du Nigeria ont convenu de mettre en place un organe de coordination bilatéral chargé d’assurer le suivi de cet important projet.
Avec les accords qui viennent d’être scellés à Abuja et le lancement des deux méga-projets, la coopération bilatérale entre le Maroc et le Nigeria, première économie africaine, a pris sa vitesse de croisière et est engagée sur une voie très prometteuse non seulement pour les deux pays pays mais pour l’ensemble du continent africain.
La seule pomme de discorde qui persiste entre les deux pays, c’est l’épineux dossier du Sahara Occident. Le Nigeria est parmi les rares pays qui reconnaissent encore la république sahraouie fantoche autoproclamée par le Polisario. Avec ce rapprochement inédit avec le Maroc, Abuja risque fort bien de changer bientôt le fusil d’épaule sur cette question.