Le gouvernement burundais a annoncé mardi la dissolution de l’ONG Iteka, la plus ancienne des organisations travaillant pour la défense des droits des hommes au Burundi, reprochée de semer la division dans le pays.
L’ONG Iteka a été «définitivement radiée» de la liste des ONG locales, précise le communiqué publié à cet effet par le ministère burundais de l’Intérieur, alors que cette même organisation était déjà suspendue d’activités depuis le début de la crise déclenchée dans le pays en avril 2015.
«Attendu que malgré une mesure de suspension provisoire, cette association n’a pas cessé les agissements pour lesquels elle avait été suspendue» et a continué «à ternir l’image du pays et à semer la haine et la division au sein de la population du Burundi», Iteka «est définitivement radiée de la liste des Associations sans but lucratif (ASBL) œuvrant au Burundi», annonce le document.
La mesure vient en rétorsion à la publication, en novembre dernier, d’un rapport rédigé en collaboration avec la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) qui «faisait le point sur la répression gouvernementale et les violations massives des droits de l’homme». La plus ancienne ligue burundaise des droits de l’homme n’a pas mis fin à la production de ses rapports hebdomadaires et mensuels sur les violations des droits de l’homme, malgré la suspension de ses activités.
Son président, Anschaire Nikoyagize, vivant en exil, s’est dit non surpris par la décision des autorités. «Elle vient confirmer que le pouvoir burundais continue de tout mettre en œuvre pour que ses graves violations des droits humains ne soient plus rapportées et pour échapper à l’attention de la communauté internationale», a-t-il affirmé. Il a averti que l’ONG, agrée en 1991, ne renoncera à sa «mission» et continuera «à travailler dans la clandestinité.»
Le Burundi a plongé dans une crise politique suite à la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un 3e mandat. Les violences dans le pays ont fait plus de 500 morts et poussé au déplacement de plus de 300.000 personnes.