L’ONG française Internet sans frontières a estimé que la coupure d’Internet dans les deux régions de la minorité anglophone du Cameroun, qui sont en conflit avec le pouvoir de Yaoundé, a atteint une durée sans précédent en Afrique.
«Dans la durée, c’est la coupure la plus longue sur le continent», a fait savoir mercredi, au micro de l’AFP, l’avocate Julie Owono, responsable Afrique de l’ONG Internet sans frontières.
Les deux régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest concernées n’ont plus Internet depuis plus d’un mois. Pour pouvoir se connecter, il faut «investir dans du matériel satellite qui coûte extrêmement cher», déplore Julie Owono. D’après certains témoignages, des personnes qui ont nécessairement besoin d’Internet sont obligées de se déplacer dans des régions voisines.
L’avocate d’Internet sans frontières a aussi souligné que «la coupure Internet dans les deux régions anglophones a potentiellement fait perdre 1,35 million de dollars à l’économie du Cameroun», ajoutant qu’elle «risque de creuser le fossé entre anglophones et francophones.»
Le conflit entre les anglophones qui représente moins de 20% de la population camerounaise et les autorités de Yaoundé remontent à novembre 2016 lorsque certains corps professionnels, (les enseignants et les avocats en particulier), ont soulevé la question de la marginalisation de la minorité anglophone par rapport à la majorité francophone.
Depuis, deux mouvements sont montés au créneau, notamment le Southern Cameroons national council (Scnc) qui prône l’indépendance de la partie anglophone et la Cameroon anglophone civil society consortium (Cacsc) plutôt favorable au fédéralisme. Mais les autorités rejettent catégoriquement les deux options. Quelques-uns des leaders de ces mouvements ont été arrêtés.
La coupure de l’Internet a été justifiée par une campagne du gouvernement contre la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux. Les autorités avaient d’ailleurs averti les internautes que les insoumis pouvaient encourir des peines de prison.
Jusque-là le discours de fermeté ou les actions du gouvernement en relation avec ce conflit n’ont pas changé la situation tendue sur place.