Le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a demandé, mercredi 7 mars, la mise sur pied d’une commission d’enquête onusienne sur les violences contre les civils en République Démocratique du Congo (RDC).
Zeid Ra’ad al-Hussein est convaincu que «seule une enquête internationale pourrait soit évacuer, soit confirmer les violences décriées par plusieurs ONG tant nationales qu’étrangères, de défense des droits de l’homme.»
S’exprimant devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, il a fait comprendre que son bureau «a récemment signalé un certain nombre de graves violations des droits de l’homme dans les provinces de Kasaï et de Lomami.»
Tout en félicitant les rapides mesures prises par les autorités congolaises pour enquêter sur les «allégations de meurtres par des soldats», il a fait comprendre que la mise en place d’une commission d’enquête s’avère nécessaire, compte tenu des «rapports récents de violations graves et la découverte de trois charniers» dans le Kasaï.
Il a également fait savoir que son «bureau surveillera attentivement les développements judiciaires concernant les actions des forces de sécurité qui ont entraîné la mort de plus de 100 personnes en septembre et en décembre 2016.»
Mais du côté du gouvernement, l’initiative de l’ONU n’est pas la bienvenue. Lors d’une conférence de presse ce même mercredi, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, s’est insurgé contre les propos du haut-commissaire. Il a rappelé qu’une enquête menée par la justice congolaise était déjà en cours.
Voulant en quelque sorte convaincre sur l’état d’avancement de cette enquête, il a affirmé que les magistrats congolais «ont découvert plus de trois fosses communes et toutes les horreurs des Kamuina Nsapu». Les charniers sont, de l’avis des autorités, le fait de présumés miliciens «très actifs dans cette partie du pays depuis plusieurs mois», qui tuaient des chefs coutumiers, des intellectuels locaux ou encore des policiers, dans des conditions atroces.
Les Nations unies soupçonnent tout de même de «graves violations des droits de l’homme» par l’armée congolaise. Le Kasaï est le théâtre, depuis juillet, d’une insurrection populaire suite à la révolte d’un chef coutumier local, de Kamuina Nsapu notamment, contre le pouvoir central. Ce dernier a été éliminé en août dernier lors d’une opération militaire.